Après ses études, il voulait devenir fermier, le voilà auteur de bande dessinée. Né en Californie, il vit à Fukuoka, au sud de l'archipel japonais. Lui qui s'est spécialisé dans l'animation 3D signe ici des nouvelles graphiques tout ce qu'il y a de plus statique, souvent muettes. Et alors qu'il nous abreuve d'un quasi-noir et blanc lugubre, il assure vouloir transmettre à ces lecteurs "un sentiment de bien-être" . Ne cherchez aucune logique au parcours de Ryan Andrews , pas plus qu'à son oeuvre.
Publié pour la première fois en français (chez Delcourt), cette jeune signature de l'univers comics a été pourtant biberonné aux japanimations. Son maître s'appelle Hayao Miyazaki .
J'ai grandi en regardant Totoro . Je l'ai vu un nombre incalculable de fois.
Si vous avez l'impression d'apercevoir, sur la couverture de son Je n'ai rien oublié , le mystérieux géant et son parapluie, sachez que ça n'a rien de fortuit."C'est une lettre d'amour aux studios Ghibli." Puisqu'il vous dit qu'il n'a "rien oublié".
Ryan Andrews a la même poésie que son idole, le même goût pour la nature et le monde de l'enfance. On sent pourtant chez lui un esprit bien plus torturé, proche d'un Tim Burton en bad trip. Dans son premier recueil, quatre nouvelles. Vous y croiserez un arbre à foetus pour vieux stériles, des personnages bloqués derrière les murs de votre salle de bain, des trous béants dans les troncs d'arbre.
Certains trouvent mes albums un peu dérangeants. Moi j'essaie toujours de caser une forme d'espoir à la fin de mes histoires.
Effectivement, on a souvent du mal à cerner l'issue. Mais le résultat est fascinant. N'ayez pas peur du sang des oies mortes qui recouvre pour l'éternité la maison du jeune héros dans Rouge Sang , elle n'est qu'un tissu de fiction : __
Une semaine avant de démarrer cette histoire, je voyais des oiseaux morts partout, et ça m'a marqué, alors ça a rejailli quand je me suis mis à écrire.
Vous voilà rassurés, non ?
Illustration de couverture : Je n'ai rien oublié , de Ryan Andrews__ © Delcourt, 2015